↪ 2014-08-22 Fri 13:41, Laurent Séguin lcs@fsfe.org:
Si nous souhaitons voir des logiciels libres ayant une expérience utilisateur plus large que celle réservée aux nerds (comprendre nos supers softs s'exécutant dans un terminal) et développés par des bénévoles qui ont du temps, il nous faut investir le secteur du logiciel professionnel. Et surtout des logiciels qui seront utilisé par des non-informaticiens.
Et plus cela va, plus cela devient urgent car les entreprises produisant des logiciels non-libres « à base d'open source » ont de plus en plus de succès et étouffent sur le marché celles qui font du vrai libre.
Tu pointes un problème économique réel. D’ailleurs, qu’est-ce qui fait une entreprise de logiciel libre concrètement ?
Nous avons publié un article à ce sujet il y a 6 ans (déjà !):
Qu'est-ce qui caractérise une entreprise de logiciels libres ? http://fsfe.org/freesoftware/enterprise/freesoftwarecompany.fr.html
Il est vrai d’ailleurs qu’il arrive souvent de trouver des entreprises qui produisent du logiciel libre mais dont le modèle de revenus se concentre sur la vente de licences propriétaires d’une version améliorée.
C’est vrai y compris dans des secteurs professionnels clés comme le secteur des logiciels de gestions de group («groupware»). Combien de fois je vois cité Zimbra, alors que l’entreprise semble tirer ses revenus principalement de logiciel non libre (je peux me tromper cela dit, si quelqu’un a étudié de plus près ce cas). Dans le même temps il y a des alternatives libres comme MyKolab notamment soutenue par http://kolabsys.com/ qui contribue aussi à Roundcube, lui aussi libre (AGPLv3). (Le fondateur de KolabSys est aussi un fondateur de la FSFE).
Ils ont aussi un service grand public : https://mykolab.com qui repose entièrement sur du libre.
Je suis convaincu qu'il nous faut travailler sur 3 axes en même temps :
- (ré)Expliquer aux développeurs l'importance du Copyleft (qu'il soit standard ou fort, peu importe), trop produisent du code sous licence dite permissive ce qui crée de la valeur pour les acteurs du logiciel non libre à base d'open source.
Le copyleft est clairement un outil stratégique. Mais comme son nom l’indique, il dépend clairement de la stratégie donnée qui peut varier considérablement selon le secteur économique, concurrentiel etc. (Je pense par exemple à VLC qui a changé certains composants importants vers la LGPL plutôt que la GPL).
- Soutenir les entreprises/acteurs qui font du *vrai* logiciel libre et qui ont des modèles d'affaires compatibles avec les valeurs du logiciel libre. Seul leur succès fera qu'elle investirons de nouveaux marchés, et par leur réussite, entraîneront vers le bon chemin ceux qui se fourvoient tout en donnant envie à d'autres de se lancer.
J'ai un peu écrit à ce sujet la : https://aful.org/media/document/le36_tribune_lcseguin.pdf Mis en conférence la : http://video.rmll.info/videos/freemium-et-open-core-menace-du-libre/
Il nous faut donc assez urgemment nous pencher sur l'offre logicielle professionnelle et faire en sorte que le Libre y gagne. Il est possible aujourd'hui de faire fonctionner une petite entreprise avec 100% de logiciels libres, c'est plus compliqué pour les plus grandes (même si c'est possible).
Il ne faut surtout pas dénoncer ceux qui font du freemium ou de l'open-core même si c'est plus facile. Nous devons au contraire positiver les actions et les acteurs allant dans la bonne direction (même si cet acteur est Microsoft ou Google) tout en expliquant que ceux qui se revendiquent de l'open source mais qui ne livrent à leurs clients que des logiciels sous une licence non-libres et non open source ne sont pas dans notre communauté.
Gagner plus de part de marché dans les entreprises signifie :
- amélioration du portefeuille des logiciels libres existant (nous devons nous battre contre le syndrome « not invented here ») ;
- investissement humain et financier par les entreprises utilisatrices (si on leur explique pourquoi/comment) ;
- exploration de nouveaux marché par les acteurs du logiciel libre en place ou par l'arrivée de nouveaux acteurs ;
- assèchement des bénéfices des entreprises faisant du logiciel non-libre par l’accroissement de celles qui font du vrai libre.
Oui, je suis d’accord que ce sont des pistes qu’il faut regarder. Mais que faire concrètement du côté de la FSFE, des volontaires à Paris, Berlin, Milan, etc. pour permettre cela ?
Un autre article pour la route:
It’s time for the community to take charge of its brand https://fsfe.org/freesoftware/enterprise/chargeofitsbrand.html
Celui-ci n’est pas traduit en français, si vous voulez aider tout est expliqué : https://fsfe.org/contribute/translators/index.fr.html